Le documentaire qui fait le buzz : « Les nouveaux loups de Wall Street »

Le trading continue de faire parler de lui, en bien comme en mal. Et c’est sans aucun doute l’une des conséquences de la crise de 2007. Si les professionnels du trading peuvent se targuer d’en comprendre les rouages, il n’en est pas de même pour la plupart des gens. C’est pour lever les différents voiles qu’un documentaire a été filmé et va être diffusé. Baptisé « Les nouveaux Loups de Wall Street », ce documentaire va permettre d’expliquer au public les différents systèmes de trading. Nous nous y sommes intéressés.

Le krach boursier de 2010

Le documentaire « Les nouveaux loups de Wall Street » s’ouvre sur l’incident boursier de 2010. En effet, le 6 Mai de cette année, il va se passer ce qu’on appelle un « flash crash ». C’est à 14 h 42 et 44 secondes que la bourse va subir ce flash crash. En termes simples, il faut juste comprendre qu’à cet instant précis, les cours vont subir une chute, et cela sans qu’on ne puisse y trouver une explication logique et rationnelle.

Devant ce phénomène, c’est la panique du côté des traders. Et cette panique est compréhensible puisque la totalité des marchés financiers est concernée par ce flash crash. Devant cette chute continue, la seule alternative d’urgence qui est trouvée par les traders est d’éteindre tous les systèmes informatiques durant un laps de temps de 5 secondes, et ensuite procéder à un redémarrage des serveurs. Lorsque ces derniers sont remis en état de marche, les traders constatent que les cours boursiers ont recommencé à se comporter normalement. Malheureusement, le flash crash n’est pas sans conséquence : pendant un peu moins d’une dizaine de minutes, les cours boursiers ont observé une chute d’une valeur d’au moins mille milliards de dollars.

Face à cette catastrophe, une explication devait être fournie. Les spéculations s’orientent alors vers l’hypothèse de la manipulation humaine. Celle-ci aurait été mal effectuée à cause du nombre important d’ordres qui est passé dans le même laps de temps. Mais en réalité, il ne s’agit pas de ça mais bel et bien d’un flash crash causé par un bug des différents algorithmes dont dépend aujourd’hui l’activité de trading.

Que faut-il retenir de ce documentaire ?

Réalisé par Ivan Macaux et l’ex-chroniqueur de Canal + : Ali Baddou, ce documentaire est une belle réussite. En ce qui concerne l’esthétique de ce film, on est assez proche du générique de la série à succès « True Detective ». Ivan Macaux et Ali Baddou ont voulu faire comprendre comment le trading à haute fréquence fonctionne. Et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’avec ce documentaire : ils ont réussi leur mission !

Le documentaire a été réalisé tout comme s’il s’agissait d’une enquête de police. Ali Baddou est parti sur les traces des différents acteurs des marchés de trading :

–         Ceux qui profitent grandement du trading

–         Ceux qui en sont les maîtres penseurs

–         Et ceux qui s’en méfient et qui essayent d’en réfréner les effets négatifs.

Car oui, en vérité, le trading à haute fréquence a des conséquences pas forcément positives sur les marchés financiers. On remarque même que ceux-ci viennent à en être truqués. C’est parce que le trading à haute fréquence ne crée pas vraiment de valeur puisque son unique but est de doubler ses concurrents dans la rapidité d’exécution des transactions. D’ailleurs, dans cette forme de trading, l’efficacité consiste à ce que les ordres soient passés avant les autres, un peu comme si on leur coupait l’herbe sous le pied. Et une fois passés, ces ordres doivent être revendus le plus vite possible.

Du côté des entreprises qui pratiquent le trading à haute fréquence, on remarque que les actions achetées ne sont pas conservées. Lorsqu’elles le sont, elles ne le sont que pendant une très courte période qui n’excède pas quelques secondes. La conséquence directe est que sur chaque transaction, le gain est minime. Mais afin de pouvoir réaliser des chiffres d’affaires énormissimes, les transactions effectuées quotidiennement sont du nombre des centaines de millions. C’est ce qui explique que de plus en plus d’entreprises de trading jettent leur dévolu sur les génies en mathématiques. Elles les embauchent et leur demandent d’imaginer des algorithmes de plus en plus efficaces, ou de plus en plus sournois (tout dépend du côté où l’on se trouve). Ce qui complique réellement la tâche des autorités régulatrices des marchés financiers.

La vitesse au détriment de l’information

Avant, dans le trading l’élément clé était l’information. Mais la donne a bel et bien changé. Aujourd’hui, le plus important c’est la vitesse de traitement des transactions. En témoigne cette donnée : à l’heure actuelle ce sont près de 21 millions de transactions de trading qui sont effectuées en l’espace de seulement de 60 secondes.

Pour les traders appartenant à cette nouvelle ère, les réseaux horaires des marchés financiers sont les outils à surveiller de près. Et on constate bien l’enjeu de la rapidité des transactions par rapport aux mesures qui ont été prises par certaines grandes institutions boursières. On peut citer par exemple :

–         La ligne privée qui a été placée pour servir de lien entre les bourses de Chicago et celles de New-York. Cette ligne qui a nécessité tout de même un investissement de grande envergure puisque 1200 kilomètres de fibres ont été mis à contribution pour que cette ligne puisse être opérationnelle à 100 %.

–         Le réseau d’ondes radio qui a été installé spécialement entre les villes de Londres et de Francfort. Il faut préciser que ce réseau d’ondes radio est encore plus rapide que certaines lignes privées.

Dans ces deux exemples, le but est bien évidemment de pouvoir gagner du temps (en fait des millièmes de seconde pour être plus précis) pendant les transactions. Ce qui permettra aux traders de faire gagner des sommes colossales à leurs clients.

La seule ombre au tableau est que rien n’indique que ce nouveau trading pourra empêcher un nouveau crash boursier de survenir.